L’Education: le système scolaire
Les systèmes scolaires des deux pays se distinguent par leur histoire et leur organisation. En France, l’école est considérée comme un instrument pour une éducation républicaine de citoyens responsables. La scolarisation est obligatoire pour tous les enfants de 6 à 16 ans vivant sur le sol français.
Le système scolaire français est centralisé. Le Ministère de l’éducation Nationale finance le corps enseignant et décide des programmes d’enseignement et des diplômes. Son champ d’action inclut également les certifications des lycées professionnels. En sont exclus les diplômes professionnels du domaine social émanant du Ministère du Travail et les diplômes agricoles émanant du Ministère de l’Agriculture. Au niveau régional, le Ministère de l’Education Nationale est représenté par les rectorats.
Contrairement à l’Allemagne, les enfants peuvent être scolarisés à l’âge de deux ou trois ans: l’école maternelle est gratuite et dépend du Ministère de l’Education Nationale. C’est là que les enfants de deux à six ans sont encouragés à apprendre et préparés à l’école primaire. Le rôle des écoles maternelles est la socialisation précoce des enfants. Plus de 90 % des enfants entre trois à six ans fréquentent l’école maternelle. Dès l’école maternelle – comme dans tout le système scolaire français – le rythme scolaire s’étale sur toute la journée. Les enfants sont pris en charge de 8 h à 17 h. Dans la plupart des écoles on propose également une garderie après 17 h. L’exception à cette règle dans le primaire est le mercredi sans classe, dans le secondaire le mercredi après-midi, produit d’un accord entre l’Eglise et l’Etat censé permettre aux élèves de participer au catéchisme.
A partir de l’âge de six ans, les enfants passent en école primaire sur cinq niveaux de classes différents. A 12 ans a lieu le passage dans le secondaire, au collège, en classes mixtes, où les élèves sont scolarisés pendant quatre ans.
Ce n’est qu’à 15 ans, après le collège, que les élèves sont répartis sur différents types de lycées: des lycées d’enseignement général, des lycées technologiques et professionnels qui mènent vers différents baccalauréats. Le lycée dure trois ans, par conséquent les élèves français ont généralement 18 ans lorsqu’ils passent leur baccalauréat.
En France, les écoles spécialisées n’existent pas sous la forme communément admise en Allemagne. Les collèges proposent des mesures spécifiques de soutien pour les élèves qui en ont particulièrement besoin. Les enfants déficients mentaux sont pris en charge par des instituts médico-éducatifs (IME) qui dépendent non pas du Ministère de l’Education Nationale comme en Allemagne mais du Ministère de la santé.
Les écoles dans les zones défavorisées sont intégrées dans des programmes spécifiques comme par exemple la ZEP (Zone d’éducation prioritaire). Ces écoles se voient concéder des moyens supplémentaires pour favoriser plus intensément l’éducation des élèves.
Pareillement en Allemagne, la scolarisation des enfants est obligatoire, mais uniquement pour les enfants vivants sur le sol allemand et dont le titre de séjour est en règle le cas échéant.
La différence fondamentale avec le système scolaire français tient à l’absence d’une réglementation homogène en Allemagne: le système scolaire allemand est marqué par le fédéralisme. L’éducation et le système scolaire sont soumis à la primauté des Länder. Les ministres de la culture des Länder décident notamment de la reconnaissance mutuelle des diplômes lors de la Kultusministerkonferenz- KMK (la conférence des ministres de la culture).
Contrairement à la France, en Allemagne on débute la scolarité au plus tôt à l’âge de cinq ans avec une année de cours préparatoire payante dans certains Länder. Seule une petite partie des enfants de cinq ans fréquente le cours préparatoire. La plus grande partie fréquente les Kindergarten (jardin d’enfants) payants en Allemagne jusqu’à leur scolarisation à six ans. De six à dix ans, tous les enfants fréquentent l’école primaire pour une durée de quatre années (dans certains Länder jusqu’à six années). A la fin de cette période, l’instituteur/trice procède à une „recommandation“ concernant le parcours scolaire futur de l’enfant pouvant, selon le Land, être obligatoire ou simplement être entendue comme un conseil donné aux parents.
Le système scolaire allemand reste marqué par le ci-nommé système à trois piliers: dans le secondaire, trois formes scolaires valorisées de manière différente coexistent côte à côte débouchant sur des diplômes également reconnus de manière différente: le diplôme de la Hauptschule (établissement secondaire allemand du premier degré orientant sur la vie active) après cinq années de scolarisation, le diplôme de la Realschule (collège) après six années de scolarisation et le diplôme du Gymnasium (lycée d’enseignement général) débouchant sur le Abitur (baccalauréat) après 12 à 13 années de scolarisation, selon le Land. A côté de ce système scolaire à trois branches, on trouve depuis les années 70 des Gesamtschulen (des écoles d’enseignement secondaire polyvalentes ou intégrées) dans lesquelles on enseigne selon ces trois formes scolaires et où l’on peut donc généralement prétendre à concourir pour l’un des trois diplômes.
Les enfants déficients physiques et mentaux sont scolarisés dans des écoles spécialisées. Seul l’Abitur permet d’entamer un parcours universitaire. Après le diplôme de la Hauptschule ou de la Realschule s’ensuit généralement une formation professionnelle. Pour les métiers manuels et techniques, le diplôme de la Hauptschule ou de la Realschule est généralement suffisant. Les métiers technico-commerciaux nécessitent généralement le diplôme de la Realschule.
Contrairement au système scolaire français, la formation professionnelle basée sur l’alternance tient une place importante et vaut pour tous les corps de métiers. Les diplômes ne sont pas délivrés par les écoles mais par la chambre correspondante. Dans une formation en alternance, l’apprenti est employé et indemnisé. La majeure partie de la formation a lieu en entreprise, seul une petite partie dans les Berufsfachschulen (centres de formation en alternance – CFA) correspondantes.
Selon le Land, on constate la mise en place de différentes mesures de soutien aux écoles en milieu défavorisé, par exemple la réduction du nombre d’enfants par classe. Dans tous les types d’écoles, on pratique l’enseignement à mi-temps, dans le primaire l’école s’arrête à 13 h, dans le secondaire le temps d’enseignement peut parfois se prolonger jusqu’en début d’après-midi. Déjà depuis les années 90, on trouve quelques écoles à temps complet où les enfants sont pris en charge jusqu’à 16 h. Depuis la première étude de Pise en 2001 déclenchant un débat politique houleux sur l’éducation, en particulier concernant l’intégration d’enfants issus de familles défavorisées ou issus de l’immigration, la restructuration des écoles en écoles à plein temps est fortement favorisée. A travers ce changement, on assiste à l’émergence de nouveaux champs d’activités pour les éducateurs/trices et les éducateurs/trices spécialisé(e)s (R professions du social) qui animent le temps de loisir inter-scolaire. De plus, on assiste dans presque tous les Länder à une transformation du système scolaire à trois branches en un système à deux branches qui se concrétise par le rallongement de la période du primaire.